Habaquq 1:1-17
Proclamation dont Habaquq, le prophète, a reçu la révélation.
Plaintes et questions
Le prophète discute avec Dieu
Jusques à quand, ô Eternel,
appellerai-je à l’aide
sans que tu ne m’entendes ?
Jusques à quand devrai-je ╵crier vers toi ╵au sujet de la violence
sans que tu sauves ?
Pourquoi me fais-tu voir ╵de telles injustices ?
Comment peux-tu te contenter ╵d’observer les méfaits ╵qui se commettent ?
Je ne vois devant moi ╵que ravage et violence,
il y a des querelles,
et des conflits surgissent.
A cause de cela, ╵on ne respecte plus la loi,
et le droit ne triomphe pas.
Car les méchants ╵empêchent les justes d’agir1.4 Autre traduction : l’emportent sur les justes (dans les tribunaux).,
les jugements qui sont rendus ╵sont corrompus.
La réponse inattendue de Dieu
– Regardez, traîtres1.5 traîtres: d’après un texte hébreu retrouvé à Qumrân et l’ancienne version grecque (voir Ac 13.41). Le texte hébreu traditionnel a : les nations., ╵et observez !
Vous serez stupéfaits, ╵vous serez ébahis,
car je vais accomplir ╵en votre temps une œuvre ;
vous ne le croiriez pas ╵si on vous en parlait.
Je vais faire venir ╵les Chaldéens1.6 Le nom Chaldéens désigne ici les Babyloniens, qui ont reconquis leur indépendance de l’Assyrie vers 630 av. J.-C. et fondé un empire néo-babylonien en 626, pour dominer tout le Proche-Orient de 605 à 539, en particulier durant le règne de Nabuchodonosor (605 à 562 av. J.-C.).,
peuple féroce ╵et déchaîné,
qui parcourt les étendues de la terre
pour prendre possession ╵des demeures d’autrui.
Il est terrible et redoutable,
il impose lui-même ╵son droit et son pouvoir.
Ses chevaux sont agiles, ╵plus que des léopards,
et ils ont du mordant, ╵plus que les loups du soir.
Ses coursiers se déploient,
ils arrivent de loin,
ils volent comme l’aigle
lorsqu’il fond sur sa proie.
Oui, les voilà qui viennent ╵tous adonnés à la violence ;
le visage tendu, ╵ils foncent en avant.
Voilà les prisonniers ╵rassemblés, innombrables ╵comme les grains de sable.
Partout, ce peuple traite ╵les rois avec mépris,
et il se rit des princes,
il se rit de toutes leurs forteresses ;
il élève contre elles ╵des terrasses de siège
et s’en empare.
Puis il change d’avis ╵et il passe plus loin1.11 Verset difficile. Autres traductions : il est passé comme le vent et s’en est allé ou le vent est passé et s’en est allé..
Il se charge de crimes,
lui qui voue sa force à son dieu1.11 Il se charge de crimes, lui… à son dieu. L’ancienne version grecque a : alors j’exposerai ma remontrance à mon Dieu. La fin du verset a été traduite diversement : lui qui attribue sa force à son Dieu ou lui dont la force est le dieu..
Pourquoi, ô Dieu ?
– N’es-tu pas depuis l’origine, ╵ô Eternel ?
Tu es mon Dieu, mon Saint,
tu ne meurs pas1.12 Selon une tradition de copistes juifs. Ce texte, jugé offensant pour Dieu, semble avoir été modifié en : nous ne mourrons pas, que l’on a actuellement dans le texte hébreu traditionnel..
O Eternel, ╵toi le rocher, ╵c’est pour exécuter ╵le jugement ╵que tu as suscité ce peuple,
et tu l’as rendu fort1.12 Autre traduction : formé. ╵pour qu’il soit l’instrument ╵du châtiment.
Tes yeux sont bien trop purs ╵pour supporter la vue du mal,
tu ne peux accepter ╵de voir des méfaits se commettre.
Pourquoi supportes-tu ╵la vue des traîtres ?
Pourquoi gardes-tu le silence ╵quand l’impie engloutit ╵un plus juste que lui ?
Tu traites les humains ╵tout comme des poissons
ou comme des bestioles ╵qui sont sans maître.
Car le Chaldéen les prend tous ╵à l’hameçon,
il les drague dans son filet
et les entasse dans sa nasse.
Alors il se réjouit ╵et il exulte.
Alors il offre ╵à son filet des sacrifices,
il brûle de l’encens ╵en l’honneur de sa nasse,
car il obtient, par eux, ╵une pêche abondante,
des repas plantureux.
Continuera-t-il donc toujours ╵à dégainer son glaive1.17 D’après le commentaire d’Habaquq retrouvé à Qumrân. Le texte hébreu traditionnel a : à vider son filet.
pour égorger les autres peuples ╵sans aucune pitié ?
Habaquq 2:1-20
Le juste vivra grâce à sa foi
Je me tiendrai ╵à mon poste de garde,
je resterai debout ╵sur le fort du guetteur
et je guetterai pour savoir ╵ce que Dieu me dira,
ce que je répondrai ╵à ma protestation.
Et l’Eternel me répondit :
Ecris cette révélation,
et grave-la sur les tablettes,
de sorte que chaque lecteur ╵la lise couramment.
Car c’est une révélation ╵qui porte sur un temps fixé,
qui parle de la fin2.3 Autre traduction : qui aspire à sa fin.
et n’est pas mensongère.
Si l’Eternel paraît tarder2.3 Selon la traduction proposée, c’est l’Eternel qu’il faut attendre et qui viendra (voir 3.3 ; Hé 10.37). Pour d’autres, c’est l’accomplissement de la vision. Cité en Hé 10.37., ╵attends-le patiemment,
car il vient sûrement,
il ne tardera pas.
Si quelqu’un flanche,
il2.4 D’après l’ancienne version grecque. Le texte hébreu traditionnel a : celui qui est orgueilleux, qui… La différence ne tient qu’à l’inversion de deux lettres en hébreu. n’est pas droit de cœur2.4 L’ancienne version grecque a : je ne prends pas plaisir en lui (voir Hé 10.38).
mais le juste vivra ╵grâce à sa foi2.4 Autre traduction : par sa fidélité. Il est clair cependant que cette fidélité englobe la foi et en découle (2.3 ; 3.2, 16-18). Cité en Rm 1.17 ; Ga 3.11 ; Hé 10.38..
Les cinq malheurs
En effet, la richesse décevra2.5 D’après un texte hébreu retrouvé à Qumrân. Le texte hébreu traditionnel a : le vin est traître.
le guerrier orgueilleux, ╵et il ne subsistera pas,
lui qui, tel le séjour des morts, ╵ouvre une large bouche
et qui, comme la mort, ╵n’est jamais rassasié.
Car il ajoute à ses conquêtes ╵nation après nation,
et il rassemble tous les peuples ╵sous sa domination.
Mais, un jour, tous ces peuples ╵lanceront contre lui ╵des proverbes moqueurs
et des paroles ironiques.
Malheur aux accapareurs
Et l’on dira :
« Malheur à lui ╵car il amasse des richesses ╵qui ne sont pas à lui.
Jusques à quand ╵cela va-t-il durer ?
Il accumule ╵un lourd fardeau de dettes. »
Tes créanciers2.7 Jeu sur le double sens du terme hébreu qui peut aussi signifier : ceux qui te mordent. ╵ne surgiront-ils pas soudain ?
Ils se réveilleront ╵pour te faire trembler
et ils feront de toi leur proie.
Toi qui as dépouillé ╵des peuples innombrables,
tu seras dépouillé ╵par le reste de tous les peuples.
Pour avoir répandu ╵le sang humain,
et pour avoir commis ╵des actes de violence
contre le pays de Juda, ╵sa ville et tous ses habitants2.8 Autre traduction : contre bien des pays, des villes et tous leurs habitants..
Malheur aux malhonnêtes
Malheur à qui amasse ╵un profit malhonnête ╵pour toute sa famille,
et cherche ainsi à établir ╵son nid sur les hauteurs
pour le mettre à l’abri ╵de tout malheur.
Oui, c’est le déshonneur ╵de ton propre royaume ╵que tu as préparé.
En détruisant de nombreux peuples,
tu t’es fait du tort à toi-même.
Car, du sein des murailles, ╵les pierres vont crier ;
de la charpente, ╵les poutres leur feront écho.
Malheur aux violents
Malheur à qui bâtit la ville ╵en répandant le sang,
à qui fonde la cité sur le crime !
Quand les peuples travaillent ╵pour ce qui périt par le feu,
et quand les nations s’éreintent pour rien2.13 Voir Jr 51.58.,
cela ne vient-il pas de l’Eternel, ╵du Seigneur des armées célestes ?
Car la terre sera remplie
de connaissance ╵de la gloire de l’Eternel
comme les eaux recouvrent ╵le fond des mers2.14 Reprise de Es 11.9..
Malheur à celui qui enivre son prochain
Malheur à toi ╵qui forces ton prochain à boire
et qui vides ton outre ╵jusqu’à l’ivresse2.15 et qui vides… l’ivresse. Autre traduction : en mêlant ton poison jusqu’à l’ivresse.,
pour pouvoir contempler ╵sa nudité.
Toi aussi, tu seras ╵rassasié d’infamie ╵au lieu de gloire.
Toi aussi, tu boiras ╵et puis l’on te mettra à nu2.16 l’on te mettra à nu: selon le texte hébreu traditionnel. Le texte hébreu retrouvé à Qumrân, la version syriaque, la Vulgate et la version grecque d’Aquila ont : tu tituberas. ╵pour découvrir ╵ton incirconcision ;
ton tour viendra de boire ╵la coupe de colère2.16 Voir Jr 25.15-29. ╵que l’Eternel ╵te tendra de sa droite.
Le déshonneur ╵recouvrira ta gloire.
Tu seras submergé ╵par la violence ╵que tu as exercée ╵contre la forêt du Liban2.17 Voir Es 14.8. Autre traduction : contre le palais de la Forêt-du-Liban (voir 1 R 7.2, 7)..
Le massacre des animaux ╵retombera sur toi
pour t’écraser ;
car tu as répandu ╵le sang humain,
tu as commis ╵des actes de violence ╵contre le pays de Juda,
sa ville et tous ses habitants2.17 Voir v. 8 et note..
Malheur aux idolâtres
A quoi sert une idole
sculptée par l’artisan ?
Ou une statue de métal fondu,
qui n’enseigne que le mensonge ?
Car celui qui l’a faite ╵se confie en son œuvre
pour fabriquer ╵une idole muette :
oui, malheur à qui dit ╵à un morceau de bois : ╵« Réveille-toi ! »,
à la pierre muette : ╵« Allons, sors du sommeil ! »
Peuvent-ils enseigner ?
Voici, ils sont plaqués ╵d’or et d’argent,
mais il n’y a en eux ╵aucun souffle de vie.
L’Eternel, lui, ╵se tient dans son saint Temple.
Que le monde entier fasse ╵silence devant lui !
Habaquq 3:1-19
Psaume
Dieu interviendra
Prière d’Habaquq le prophète, sur le mode des complaintes3.1 Terme hébreu de sens inconnu..
O Eternel, j’ai entendu ╵ce que tu viens de proclamer,
et je suis effrayé ╵devant ton œuvre, ô Eternel.
Dans le cours des années, ╵accomplis-la3.2 Voir 2.3. !
Dans le cours des années, ╵fais-la connaître !
Dans ta colère cependant, ╵pense à être clément !
Dieu viendra de Témân,
le Saint viendra du mont Parân.
Pause
Sa majesté ╵couvre le ciel,
et sa louange ╵remplit la terre.
Il a l’éclat de la lumière,
et, de sa main, ╵jaillissent deux rayons ;
c’est là qu’est le réservoir de sa force.
La peste meurtrière ╵chemine devant lui,
et la fièvre brûlante ╵marche à sa suite.
S’il vient à s’arrêter, ╵il fait vibrer3.6 Autre traduction : il mesure. la terre.
Quand il regarde, ╵il ébranle les peuples,
les montagnes antiques ╵sont disloquées,
et les collines ╵des anciens temps s’effondrent.
Il parcourt à nouveau ╵les antiques sentiers.
J’ai vu les tentes de Koushân3.7 Probablement une peuplade nomade du désert du Sinaï. ╵réduites à néant ;
les abris de Madian ╵tremblaient, épouvantés.
L’Eternel sort pour délivrer son peuple
Est-ce contre les fleuves ╵que l’Eternel s’irrite,
est-ce contre les fleuves ╵que ton courroux s’enflamme ?
Est-ce contre la mer ╵que ta fureur s’exerce,
pour que tu viennes ainsi ╵monté sur tes chevaux,
sur tes chars victorieux ?
Ton arc est mis à nu,
tes traits sont les serments ╵que tu as prononcés3.9 Autre traduction : tes traits sont ceux que tu as juré d’utiliser..
Pause
Tu crevasses la terre, ╵livrant passage aux fleuves.
Les montagnes t’ont vu, ╵et elles tremblent.
Des trombes d’eau s’abattent,
l’abîme se met à mugir,
lançant bien haut ses vagues.
Le soleil et la lune ╵restent dans leur demeure
devant l’éclat ╵de tes flèches qui partent
et la clarté ╵des éclairs de ta lance.
Avec colère, tu parcours la terre,
tu foules les peuples aux pieds ╵dans ton indignation.
Oui, tu t’es mis en route ╵pour délivrer ton peuple,
et pour sauver ton roi ╵qui a reçu l’onction.
Tu as décapité ╵la maison du méchant,
et tu l’as démolie ╵de fond en comble.
Pause
Tu transperces la tête ╵de l’ennemi ╵avec ses propres flèches,
alors qu’il arrivait ╵comme un vent d’ouragan ╵dans le but de nous disperser.
Déjà nos ennemis ╵se réjouissaient,
comptant bien dévorer ╵l’opprimé en secret3.14 Sens incertain. Autre traduction : dans sa cachette..
Tu as lancé ╵tes chevaux dans la mer,
dans le bouillonnement ╵des eaux puissantes.
L’Eternel est ma force
J’ai entendu cette nouvelle :
j’en suis tout bouleversé.
Mes lèvres balbutient
et mes os se dissolvent,
je reste là, tremblant.
Puisqu’il me faut attendre sans bouger, ╵le jour où la détresse
fondra sur l’ennemi ╵qui doit nous assaillir.
Car le figuier ╵ne bourgeonnera plus,
et il n’y aura plus ╵de raisins dans les vignes,
le fruit de l’olivier ╵trompera les espoirs,
les champs ne produiront ╵plus de pain à manger.
Les moutons et les chèvres ╵disparaîtront de leurs enclos,
et les bovins de leurs étables.
Mais moi, c’est à cause de l’Eternel ╵que je veux me réjouir,
j’exulterai de joie ╵à cause du Dieu qui me sauve.
L’Eternel, le Seigneur, ╵c’est lui ma force :
il rend mes pieds pareils ╵à ceux des biches,
il me fait cheminer ╵sur les lieux élevés.
Pour le chef des musiciens. A chanter avec accompagnement d’instruments à cordes.